Entretien Exclusif – Marcel Dandjinou : « Il faut garder les pieds sur terre »

Convoqué en sélection nationale pour la première fois en septembre 2019, Marcel Dandjinou est aujourd’hui le gardien numéro 1 des Guépards du Bénin. Après une belle campagne des éliminatoires de la CAN 2025, marquée par une qualification, le dernier rempart du JDR Stars s’est confié dans une interview exclusive accordée à Joueurs Béninois. Retour sur son parcours, ses progrès, ses ambitions et sa vision du rôle de gardien de but en sélection.

 

Question : Marcel Dandjinou, vous êtes devenu le gardien numéro 1 de la sélection nationale et avez disputé les 6 matchs des éliminatoires de la CAN 2025. Comment le coach vous a-t-il annoncé cette décision et qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?

Marcel Dandjinou : « C’était au regroupement du mois de juin. Déjà dans les choix pendant les séances d’entraînement, ça se dessinait. Je suis resté concentré comme à chaque fois, prêt à répondre à l’appel. Puis, à la veille du match face au Rwanda (match de la 3e journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, ndlr), le sélectionneur est venu m’annoncer que j’allais débuter le lendemain. Honnêtement, j’étais surpris et en même temps la pression est montée parce que même si j’avais déjà jouer en match amical en mars contre le Sénégal, ce n’était pas pareil. On parle cette fois de matchs officiels avec de vrais enjeux contre le Rwanda et le Nigéria. Par la grâce de Dieu et avec le soutien de toute l’équipe, tout s’est bien passé. Nous avons bouclé ce rassemblement là avec deux victoires. C’était un moment très important pour moi. »

Marcel Dandjinou lors de sa première titularisation en match officiel vs le Rwanda le 06/06/24

 

Question : Être numéro 1 de la sélection nationale implique beaucoup plus de responsabilités. Vous êtes désormais sous le feu des projecteurs. Comment vous préparez-vous mentalement et physiquement à relever ce défi sur la durée ?

Marcel Dandjinou : « J’ai eu la chance d’être en sélection depuis 2019 où j’ai d’abord été numéro 3 puis numéro 2. Sincèrement, j’ai pris le temps de mesurer l’ampleur du poste et tout ce qu’il implique réellement. Être dans les buts en sélection nationale, c’est différent. Vous avez peu de jours pour travailler avec votre défense qui peut changer d’un match à l’autre. Ce n’est pas comme en club où il y a plus de continuité. Mais je m’adapte vite et c’est le boulot de tout gardien de but et même de toute l’équipe. Il n’y a pas de bon gardien sans une bonne équipe autour de lui. Pour ma part, je me tiens prêt. Tant qu’on me fera appel, je répondrai. »

“Avec Saturnin, nos relations sont excellentes”

Marcel Dandjinou, Saturnin Allagbé et Serge Obassa lors d’une séance d’entraînement


Question
: Marcel, vous prenez la place d’un certain Saturnin Allagbé. Dites-nous quelles sont aujourd’hui vos relations avec lui et qu’avez vous appris de lui lorsque vous étiez son numéro 2 ?

Marcel Dandjinou : « Dans ma carrière, j’ai toujours eu la chance d’avoir des ainés à mes cotés pour me guider. Dans mon club en Afrique du Sud par exemple, j’ai connu à mon arrivée, l’ivoirien Badra Sangaré qui m’a pris sous son aile. J’ai appris à ses cotés avant d’être lancé dans le grand bain. En sélection c’était pareil. Comme je le disais, je suis arrivé en étant numéro 3 derrière deux devanciers, Fabien Farnolle et Saturnin Allagbé. Ils m’ont accueilli ouvertement. Ce sont deux gardiens qui ont connu le haut niveau européen. J’ai appris à leurs côtés. Aujourd’hui avec Saturnin, tout va bien. Numéro 1 ou pas, nos relations sont très bonnes. On s’épaule mutuellement et il me conseille beaucoup. On se soutient. »

Question : Dans un an, vous disputerez la CAN au Maroc avec le Bénin, un événement que beaucoup considèrent comme un grand rêve. À quel point cette compétition compte-t-elle pour vous ? Qu’est ce qu’elle représente dans votre carrière et quels sont vos objectifs personnels pour ce tournoi ?

Marcel Dandjinou : « Tout le monde rêve de faire une CAN, c’est clair. C’est le plus grand tournoi du continent Africain tout simplement. Participer à une CAN avec le Bénin fait forcément partie de mes objectifs à atteindre. Mais il faut avoir les pieds sur terre. La phase finale c’est dans presqu’un an. Beaucoup de choses peuvent se passer. Il faut avoir la régularité dans les performances en club pour d’abord garder sa place dans le groupe et ensuite la gagner sur le terrain. Il y a encore du chemin à faire. Il faut rester concentré même si tu as forcément la CAN dans un coin de ta tête. »

 

Question : Les supporters béninois peuvent parfois être très exigeants. Ils attendent d’ailleurs beaucoup de vous. Comment vivez-vous cette pression populaire et avez-vous un message particulier à leur adresser ?

Marcel Dandjinou : « Le poste de gardien est déjà unique de par la pression particulière qu’elle génère. Tout change vite dans les deux sens. En club, j’ai vécu des moments de pression, notamment lors de la phase de groupes de la Coupe de la CAF avec l’ESAE, où chaque match était crucial. J’en ai également connu en championnat sud-africain. Tout ça m’aide à mieux gérer la pression aujourd’hui. Au fur et à mesure et avec l’expérience engrangée, je connais maintenant les attentes du public. Je les remercie d’ailleurs pour leur soutien. Cela fait partie des moteurs qui nous donnent la force de nous transcender à chaque fois qu’on porte le maillot de la sélection nationale. On a vraiment besoin d’eux. »

Marcel Dandjinou en communion avec les supporters du Stade Félix Houphouët Boigny

 

Question : Au-delà de la CAN, quels sont vos rêves ou vos objectifs pour votre carrière, que ce soit en sélection nationale ou en club ?

Marcel Dandjinou : « Se qualifier pour la CAN a été un premier grand objectif accompli. C’est très important de faire un tournoi majeur avec son pays. Que Dieu nous y accompagne maintenant. Personnellement, mon ambition est de continuer à progresser en club, de participer à des championnats et tournois majeurs, et de m’impliquer dans des compétitions de haut niveau. Après, dans une carrière, le but c’est de franchir des caps et d’aller toujours de l’avant. On ne peut pas tout prévoir, l’essentiel c’est d’avancer, chaque fois un peu plus haut. »

Question : Marcel Dandjinou, merci pour cet entretien. Avez vous un mot de la fin ?

Marcel Dandjinou : « Remercier tous les fans de JDR Stars et de l’équipe du Bénin qui me supportent et m’encouragent. Gratitude aussi à l’endroit de tous ceux qui m’ont poussé du début jusqu’ici. Et aussi, un merci à vous pour cette attention. »